Quelques photographies de reconstitutions d'instruments

La photo suivante présente cette basse vue sous un angle plus proche de celui sous lequel Veronese l'a représentée, on peut y remarquer ce curieux talon du manche, mais qui n'est pas gratuit… Pour suivre la forme des éclisses, le fond doit se courber (doit être forcé) ce qui est un moyen pour lui donner plus de tension dans l'élasticité, et de répondant dans le système fond-éclisse qui sert à dynamiser la table vibrante. Mais comme ce fond n'est que collé, le talon qui vient le soutenir contre le reste de l'instrument est aussi une sécurité contre les décollages.

Deux anecdotes amusantes :

1) étant occupé à relever avec un compas à pointe sèche, les dimensions exactes données sur le tableau par Veronese aux différentes parties de l'instrument, je m'étais amusé, presque en guise de plaisanterie, à relever aussi les distances entre les frettes (pour une guitare on dirait les barrettes), et, lorsque j'ai monté l'instrument et que j'ai installé les frettes (elles peuvent se déplacer comme celles d'un luth ou d'un théorbe selon la justesse des cordes), je m'étais amusé dans un premier temps à les placer aux endroits où Veronese les avait mises…

Lorsqu'on jouait ainsi, les notes étaient justes… Celà signifie que Véronese avait poussé l'exactitude dans le détail jusqu'à peindre les frettes très exactement à leur place dans la réalité !

2) J'avais, pour vernir cet instrument, utilisé une vieille recette (à base de benjoin) d'un luthier italien de 1564… et j'avais obtenu cette couleur de miel pâle, mais assez différente de celle du tableau tel que j'en avais la reproduction, et où elle apparaissait largement plus foncée, plutôt brun clair… cela n'avait d'ailleurs aucune importance, dans la mesure où ce qui importait c'était le son…

Quelques semaines plus tard, je reçus (et je me demande toujours pourquoi et par quel hasard on me l'avait envoyé), un prospectus en provenance du Musée du Louvre, qui annonçait qu'on venait de restaurer « Les Noces de Cana »… et, en regardant la photo jointe, quelle ne fut pas ma surprise de voir que la couleur de la basse avait largement éclairci, et en fait, une fois nettoyée de 5 siècles de crasse et de vieux vernis, était maintenant identique à celle de ma copie !

À propos de ce travail de restauration, que je trouve extrêmement intéressant dans la mesure où cette recherche, d'un autre domaine pourtant que la mienne, lui ressemble beaucoup par son côté « Sherlock Holmes », j'en ai joint quelques détails, ainsi que le lien vers son site d'origine. Pour plus de détails, cliquer ICI

Détail du tableau de Veronese (Musée du Louvre)

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Exemple du son de cette basse :

Une pavane de la Renaissance, sur la chanson « Belle qui tiens ma vie », avec cette basse, 3 violons Renaissance, et une percussion. Une flûte à bec vient s'y ajouter au deuxième couplet.

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Jean-Claude Féret
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Un rebec du 13e

Je m'étais occupé dans un collège, d'un atelier de construction d'instruments de musique, et l'un des élèves ayant déménagé, j'ai récupéré et achevé l'un de ces instruments, un rebec, dont j'avais établi les plans d'après la sculpture d'un apôtre musicien d'une cathédrale gothique (je ne me souviens plus s'il s'agissait de Chartre ou de Beauvais). J'avais calculé les dimensions en rapport avec la grandeur de la statue (qui était très grande), et en tenant compte aussi du « rubato » artistique que le sculpteur avait utilisé.

Une grande vielle du 13e/14e

Elle fut construite d'après des dessins de l'époque. C'était l'un des principaux instruments utilisés par les chanteurs ambulants (trouvères, troubadours, menestrels, contere, quelque soit le nom qu'on leur donne).

C'est en aprenant à jouer de cet instrument que je me suis rendu compte de la raison pour laquelle on voyait toujours sur les dessins, les chanteurs qui la tenaient à plat horizontalement, et plaquée sur la poitrine... elle est trop longue pour pouvoir faire autrement... même pour l'accorder on ne pourrait atteindre les chevilles... les quatre cordes sont jouées ensemble, et il m'a semblé adéquat de donner un type d'accord similaire à celui du crwt irlandais : « re la re re la », les 3e et 4e cordes à l'unisson, la chanterelle servant à jouer les mélodies, et les autres de bourdon...

lorsqu'on doit jouer une mélodie qui descend plus bas que la corde à vide de la chanterelle, on joue sur la corde de « re » précédente, et alors la corde aiguë sonne avec les bourdons en donnant l'octave du « la » grave ce qui sonne très bien.

Vièle du 15e

il s'agit là d'une petite vièle (ou viele, ou vielle), d'après les anges musiciens de Memling, où l'on peut voir une assemblée d'anges en ligne, jouant chacun d'un instrument différent...

j'avais trouvé intéressant d'expérimenter ce fameux chevalet qui jusqu'à présent semblait n'avoir frappé personne par sa forme particulière : en forme de peigne...

Je voulais voir ce que cela pouvait apporter, si toutefois çela apportait quelque chose... et effectivement, le son est beaucoup plus pur ainsi, et les attaques plus faciles, sans les sifflements intempestifs qu'autrement, on a beaucoup de mal à éviter...

Toutes les cordes vibrant ensemble lorsqu'elles sont totalement solidaires, sur un même chevalet, ont tendance à se contredire et provoquent ainsi ces sifflements, mais avec cette forme particulière, elles vibrent de manière plus individuelle... on perd un peu de puissance, mais on gagne en timbre et en facilité...

Je n'ai pas moi-même construit cet instrument, mais ai guidé lors d'un stage, un élève de la Sorbonne qui avait choisi de faire cela avec moi pour l'obtention de ses diplômes.

Grande Basse de Viole Italienne à 5 cordes (du XVIe)

C'est le nom qu'on lui donnait à l'époque, en fait c'est plutôt une contrebasse de viole. Ses plans furent établis à partir du tableau de Veronese : « Les noces de Cana », qui se trouve au musée du Louvre.

On y voit au premier plan un groupe de musiciens en train de jouer : une flûte, un violon, deux violes (qui semblent être un alto et un ténor de viole) à la forme particulièrement intéressante, et puis cette basse.

Pour les dimensions, je me suis servi de la hauteur du tibia de celui qui la joue, c'est à peu près la seule chose qui ne soit pas altérée par la perspective, étant verticale, et au même niveau que l'instrument.

Mais j'ai aussi tenu compte du fait que la taille moyenne aujourd'hui est environ 10% plus grande qu'au 16e. Évidemment, il a fallu imaginer la forme de la table d'après les ombres, puisque Veronese l'a peinte de profil... mais je pense que c'est assez clair.

La petite rosace devant la touche n'est bien sûr pas indiquée sur le tableau, mais c'était chose assez courante à l'époque sur ce type d'instrument. Il en va de même avec la forme des ƒ, pour lesquelles toutefois je me suis servi d'une forme utilisée au XVIe siècle, et qui me semblait convenir à cet instrument.

Oui, je sais, j'aurais dû remplacer la première corde avant de faire la photo !

Une harpe du début du 15e

Les plans furent établis d'après deux enluminures de l'époque. J'ai utilisé l'érable, y compris une pièce tirée d'une branche tordue pour le cheviller, afin de garder les fibres sur toute leur longueur et d'ainsi donner plus de solidité à l'ensemble. La table, bien sûr, est en sapin, et les parties sculptées sont en merisier, les bagues sont en argent.

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